Bill Gates a abandonné ses études dès sa première année dans la fameuse université de Harvard, et pourtant il est parmi les hommes les plus riches du monde, et de plus, il accomplit depuis 2007 une œuvre sociale et sanitaire à travers sa Fondation. C’est vrai, certaines personnes qui n’ont pas fait d’études peuvent s’accomplir dans leurs vies professionnelles. Pour autant, la poursuite d’études qui permet la qualification est l’atout essentiel pour s’insérer dans la vie active et pour s’épanouir. C’est l’objet d’étude central de ce thème. Comprendre le lien entre le diplôme, l’emploi et le salaire. Nous croiserons dans ce chapitre un regard sociologique et des références d’économistes.
Les notions essentielles du thème (définies dans l’article) : capital humain, capabilités, chômage, diplôme, qualification, productivité du travail.
I. Du capital humain aux capabilités
A. À la recherche du capital humain
Quand on ouvre une école, on ferme une prison. Il n’y a pas plus bel encouragement à poursuivre l’éducation que cet adage de Victor Hugo. Il n’est pas besoin de revenir, en effet, sur les bienfaits de l’éducation. En effet, l’école permet à l’individu d’acquérir des diplômes, c’est-à-dire des documents attestant un certain niveau de formation. Ce diplôme permet de montrer que l’individu a acquis du savoir et du savoir-faire.
On parle alors de capital humain c’est-à-dire l’ensemble des caractéristiques physiques et intellectuelles qui permettent à l’individu de participer à l’activité productive.
Or, à travers de nombreuses études de documents, tu dois pouvoir montrer que la poursuite d’étude est rentable tant pour les entreprises et la société dans son ensemble que pour le travailleur.
En effet, grâce à des travailleurs mieux formés, les entreprises peuvent augmenter leurs niveaux de productivité du travail. Ce dernier mot est un terme important en économie. La productivité sert en quelque sorte à calculer l’efficacité des travailleurs. On dira donc que la productivité du travail, c’est la quantité de biens ou de services qu’un travailleur produit en un temps donné.
De plus, la poursuite d’études est rentable, car toutes les statistiques montrent que plus on a de diplômes, plus les salaires sont élevés et moins on subit le chômage. Le taux de chômage est ainsi beaucoup plus élevé pour les actifs sans diplômes que pour les actifs avec un niveau bac+2 ou bac+5.
Au-delà de l’accès à l’emploi, un grand économiste, Amartya Sen, nous montre que les études nous permettent d’être libres. On voit ça ci-dessous !
Amartya Sen (1933), c’est l’économiste d’origine bangladaise naturalisé américain qui a inventé l’IDH 🙂
B. À la recherche des capabilités
Lorsqu’on poursuit des études, on va acquérir des capacités à lire, écouter, analyser, développer une idée, réaliser quelque chose, critiquer une idée avec des arguments… À l’inverse, lorsqu’on n’a pas eu la chance d’accéder à certains niveaux de diplôme, alors on n’aura pas ses capacités et on subira des arguments développés par les autres, par exemple, sans se sentir capable de les critiquer. C’est cela que Amartya Sen nomme les capabilités. Ce sont les libertés réelles dont disposent ou pas les individus pour réaliser divers fonctionnements comme lire, écrire, disposer d’un emploi.
On comprend donc que le diplôme n’est pas seulement un moyen d’accéder plus facilement au marché du travail, mais que, d’autre part, il nous permet de développer des capacités de pensée et d’agir qui nous permettent d’être libres.
II. La qualification, un outil de lutte contre le chômage
A. Qu’est-ce que le chômage ?
Une femme au foyer ou un homme au foyer ne sont pas considérés comme chômeurs. Ils ne recherchent pas à travailler. Ils ne sont donc pas considérés comme actifs.
Le chômage désigne la situation des personnes qui n’ont pas d’emploi, qui en recherchent un et qui sont disponibles. On peut alors calculer ce fameux taux de chômage dont tu entends parler depuis tout petit. Cet outil permet de mesurer en pourcentage le nombre d’actifs sans emploi. On peut ainsi mesurer le chômage de la population entière ou plus précisément d’une population considérée comme les jeunes, les sans diplômes, les bac+5… La formule est :
taux de chômage (de la population considérée) : chômage (de la population considérée) / population active (de la population considérée) x 100
B. La corrélation entre qualification, chômage et salaire
Avec la qualification, on s’éloigne du chômage.
C’est une idée qui peut te paraître évidente. Pour autant, il est important de faire des enquêtes pour bien montrer les liens entre la qualification d’un travailleur et le chômage.
La qualification définie les connaissances et compétences spécifiques nécessaires pour occuper un emploi. Or, les statistiques réalisées par l’INSEE en France nous montrent que plus on est qualifié et moins on subit le chômage. Cela s’explique notamment par le fait que nos sociétés développées nécessitent avant tout des travailleurs qualifiés.
Taux de chômage selon le diplôme et la durée depuis la sortie de formation initiale en 2023
Niveau de diplôme | Aucun diplôme,
brevet des collèges |
Bac, CAP, BEP ou équivalent | Bac + 2 ou plus | Ensemble |
---|---|---|---|---|
Sortis depuis 1 à 4 ans | 42,4 | 18,0 | 8,7 | 14,2 |
Sortis depuis 5 à 10 ans | 29,9 | 11,2 | 5,8 | 9,3 |
Sortis depuis 11 ans ou plus | 10,1 | 6,1 | 3,8 | 5,6 |
Ensemble | 13,3 | 8,1 | 5,0 | 7,3 |
Source INSEEen %
Entraine-toi à bien lire les chiffres du document.
Par exemple, sur 100 actifs sans diplôme ou le brevet des collèges, sortis depuis 1 à 4 ans de la formation initiale de l’école (au sens large), on constate que 42,4 % d’entre eux sont au chômage. 11 ans après ou plus, par contre, le chômage a bien progressé, puisque 13,3 % des actifs sans diplôme ou avec le brevet des collèges sont au chômage. Mais la différence avec les Bac+2 reste prégnante puisque seulement 3,8 % d’entre eux sont au chômage 11 ans ou plus après la sortie de l’école.
Le diplôme permet des salaires plus élevés.
Les statistiques montrent clairement également un lien de causalité entre le diplôme et le niveau de salaire. Les personnes diplômées gagnent en moyenne plus que les moins diplômés. Bien sûr, il peut y avoir des exceptions, mais c’est une moyenne !
Caractéristiques | Salaire |
---|---|
Cadres1 | 4 490 |
Professions intermédiaires | 2 570 |
Employés | 1 880 |
Ouvriers | 1 940 |
Femmes | 2 400 |
Hommes | 2 790 |
Ensemble | 2 630 |
- Source : INSEE en euros
- 1. Y compris chefs d’entreprises salariés.
- Lecture : en 2022, le salaire net moyen en équivalent temps plein des salariés du privé est de 2 630 euros.
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs.
III. Des barrières aux diplômes et à la réussite professionnelle
Nous allons montrer que l’obtention d’un diplôme, d’une qualification et donc d’un emploi plus ou moins bien rémunéré est socialement différenciée. Θ, c’est-à-dire ? Cela signifie que mes chances d’obtenir un diplôme sont liées à mon identité sociale et mes caractéristiques. Ainsi, nous allons voir que le type de diplôme dépend du genre et du milieu social d’origine.
A. L’accès à la formation diplômante dépend de notre milieu social.
Encore une fois, mieux qu’un long discours, il vaut mieux analyser un graphique établi par l’INSEE.
Comme tu peux le constater, les enfants de cadres et de professions intermédiaires sont presque 80 % en 2018 à obtenir le bac et donc à pouvoir poursuivre les études et obtenir une formation qualifiante. 5 % des enfants d’ouvriers et d’employés environ obtiennent un bac et seront donc moins nombreux à poursuivre une formation qualifiante. Comment cela s’explique-t-il ? Si tu poursuis en SES, tu étudieras en terminale un thème consacré à cela.
B. Le même niveau de diplôme ne donne pas les mêmes résultats en terme de salaire.
Par exemple, les salaires mensuels nets moyens sont différents selon le sexe et la catégorie socioprofessionnelle en 2015
Montants mensuels nets en euros courants | Évolution 15/14 en euros constants en % | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Femmes | Hommes | Ensemble | (F-H)/H en % | Femmes | Hommes | Ensemble | |
Cadres1 | 3 561 | 4 451 | 4 141 | -20,0 | 1,3 | 1,3 | 1,2 |
Professions intermédiaires | 2 081 | 2 420 | 2 271 | -14,0 | 0,2 | 0,3 | 0,2 |
Employés | 1 591 | 1 739 | 1 637 | -8,5 | 0,6 | 0,3 | 0,6 |
Ouvriers | 1 483 | 1 765 | 1 717 | -16,0 | 1,7 | 1,0 | 1,1 |
Ensemble | 1 986 | 2 438 | 2 250 | -18,5 | 1,2 | 1,1 | 1,1 |
- 1. Y c. chefs d’entreprise salariés.
- Champ : France hors Mayotte, salariés en EQTP du secteur privé et des entreprises publiques, y c. bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation. Sont exclus les apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, DADS (fichier semi-définitif).
Pour terminer ce thème : des questions que tu peux traiter.
Montrez qu’il est rentable de poursuivre ses études
Montrez que le diplôme élargit les libertés d’un individu
Comment expliquer les inégalités de salaire ?
MAJ mars 2024 @ Philippe Herry